L'article qui suit est extrait de
Télérama N°2802
(Semaine du 24 septembre 2003).
Ce n'est que justice
"New York District" entame sa 14ème saison aux Etats-Unis!
Par Philippe Guedj
Un crime et une instruction, point barre. Verdict : Ia rigoureuse série policière, sans stars ni paillettes,
est plébiscitée par le jury populaire.
Elle a tout de Ia success story à l'américaine. Elle, c'est Law and Order (New York District
dans son improbable traduction française), vétérane des series aux Etats-Unis, dont la quatorzième saison démarre cette semaine
sur NBC. La très janséniste fiction policière créée par Dick Wolf continue de figurer parmi
les meilleures audiences de la télévision américaine. La saison 2002-2003 l'a vue terminer dixième des vingt programmes de prime
time les plus regardés de l'année, avec une moyenne de 17,3 millions de téléspectateurs par semaine. Un succès qui se monnaie
désormais très cher. Selon le New York Times, le producteur de Ia série, Universal, exigerait de NBC Ia somme astronomique
de 1,6 milliard de dollars pour céder les droits de diffusion des trois prochaines saisons de New York District et de ses deux
series derivées, New York unite spéciale et New York section criminelle
(1).
Par quel mystère une série aussi aride dans sa narration est-elle parvenue à fidéliser un tel public ? Depuis ses débuts, en 1990,
New York District désosse le système pénal de l'oncle Sam, à travers des intrigues construites en deux temps : un duo de
flics enquête sur un crime et coince un coupable présumé; l'assistant du procureur general et son adjoint instruisent l'affaire et
bataillent contre la defense, jusqu'au verdict final. Très réaliste, peu spectaculaire, limitant volontairement toute romance entre
les personnages, dépouillée à l'extrême dans sa narration, New York District a tout de la série quasi documentaire. D'entrée de jeu,
Dick Wolf impose une photo granuleuse et un tournage camera à l'épaule, plutôt audacieux pour l'époque. Ces partis pris vaudront au
projet d'être refusé en 1988 par deux grandes chaînes, Fox TV puis CBS qui, après avoir accepté de produire l'épisode pilote,
décida de ne pas le diffuser sous prétexte qu'il n'y avait aucune star.
"C'était justement ça, l'idée !", explique Dick Wolf. Bien vu : sur les douze changements de casting à ce jour, aucun n'a
altéré l'audience - même lors du depart de personnages adulés par Ies fans, comme le procureur
Ben Stone (joué par Michael Moriarty) ou le detective
Mike Logan (Chris Noth, futur Mr. Big de Sex and the City).
Epine dorsale de New York District : les scenarios. Toujours inspirés des gros titres du New York Times, ils
partent genéralement de la découverte d'un cadavre pour aboutir à des intrigues aux ramifications parfois vertigineuses,
n'hésitant pas à égratigner les principales institutions américaines. Mais son ascèse n'empêche pas non plus la série de toucher
les coeurs avec des drames humains. En 1992, New York District manquera pourtant de peu de passer à Ia trappe après trois
saisons, en raison d'un Audimat très moyen et de sujets jugés trop polémiques. L'introduction de personnages
féminins récurrents et une diffusion en parallèle sur des chaines câblées à partir de Ia quatrième saison populariseront
suffisamment la série pour que NBC Ia sorte de sa liste noire. Wolf et son escouade de scénaristes-juristes ont désormais
les coudées franches et ne se privent pas d'aborder les sujets les plus retors.
Dick Wolf, qui a fréquenté George Bush Jr. au lycée, serait-il un dangereux agitateur?
"Les démocrates pensent que Law and Order est une série conservatrice, les républicains que c'est une série de gauchistes",
s'amuse-t-il. Toute la philosophie de Ia série est pourtant contenue dans son titre : la loi et les consequences de sa violation.
(1) Sur TF1, New York section criminelle est diffusée le samedi vers 23h30, et
New York unite spéciale est régulièrement programmée sur Ia même chaine.
Le texte présent sur cette page est extrait de
Télérama N°2802
(semaine du 24 septembre 2003)
Voir aussi :
Extrait de Les grandes séries... par A. Carrazé et JJ Schleret
Dossier Génération Séries N°23 par Martin Winckler
Extrait de Les séries télé par Martin Winckler
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